lørdag 21. mars 2015

Dieu ne se repent pas de ses alliances

Il y a quelques années, la communauté juive de Luxembourg avait aimablement ouvert un dimanche la synagogue de la capitale et en avait organisé la visite. Lorsque nous fûmes dans la grande salle où se réunit l'assemblée, notre guide ouvrit une sorte de grand placard à l'endroit où, dans les églises catholiques, les prêtres ont l'habitude de conserver des hosties dans un calice. Mais ce que je vis me stupéfia et arracha un voile de mes yeux. Il y avait là une collection de rouleaux de livres de la Bible, notamment des livres de Moïse, la Thora. Ces rouleaux étaient habillés de manteaux de velours, certains bleus, d'autres blancs, d'autres émeraude. Le Luxembourg est un des pays les plus aliénés au démon souvent appelé "reine du ciel". On en trouve des statues non seulement dans toutes les églises catholiques du Grand-duché (mais aussi dans celles des régions frontalières qui ont été luxembourgeoises dans le passé). Très souvent, ces idoles sont vêtues de manteaux de velours dont la couleur change au gré des temps liturgiques de l'église romaine.

"Le Verbe s'est fait chair". En voyant les rouleaux de la Thora vêtus de leurs manteaux de velours, quelque chose a crié en moi "mais bien sûr !" Jésus, c'est la Thora qui a pris chair d'homme. C'est dans la synagogue que Son essence est honorée sans être connue alors que, dans les églises romaines, Sa place est usurpée par des substituts abominables.

Tout mes contacts avec le judaïsme ont grandi ma foi. Ce que les Juifs ont rec,u est fascinant. Je me demande s'ils en ont la mesure.

Cet été, je suis retourné à Vienne, en Autriche, et j'y ai visité plusieurs lieux du judaïsme, notamment un musée. Dans une vitrine, il y avait plusieurs couronnes dont les Juifs coiffent les rouleaux. Là encore, cela m'a profondément parlé. Le Verbe fait chair est le Roi des Juifs ... et les Juifs mettent une couronne sur la Thora ! C'est vertigineux.



J'ai aussi acheté à Vienne un livre écrit par un Juif, Jacob Neusner, qui y explique pourquoi, en tant que Juif, il ne peut pas partager la foi des chrétiens. "Ein Rabbi spricht mit Jesus" est pour moi un texte fantastique car, toutes les raisons qu'invoque l'auteur pour refuser de reconnaître en Jésus le Messie sont autant d'arguments qui me sont donnés pour voir encore plus profondément combien Il l'est.

Dans plusieurs passages de son livre, Jacob Neusner se projette 20 siècles plus tôt et imagine qu'il va rencontrer Jésus pour lui poser des questions.

"Meister, wie kannst du für dich selbst sprechen und dich nicht auf der Lehre der Thora berufen, die uns Gott am Sinai gegeben hat ? Es hat den Anschein, als betrachtetest du dich selbst als Mose, oder als über Mose stehend. Die Thora des Mose erwähnt aber nicht, dass ausser Mose und den anderen Propheten noch ein witerer uns Unterweisung - Thora - bringen oder dass es eine weitere Thora geben soll. So weiss ich nun wirklich nicht, was ich von deinem Anspruch halten soll. Du sprichst als "Ich", aber die Thora wendet sich nur an ein "Wir", das sind "wir" vom Volke Israel, zu dem auch du gehörst". Evidemment, nous autres Européens non-juifs imprégnés d'une conception individualistissime du salut, au point que certains chrétiens parlent de Jésus comme de leur Sauveur "personnel", passons à côté de ce dont parle ici Jacob. Mais, pour qui a rec,u la révélation de Jésus comme Messie, la réponse est claire. Jésus peut parler depuis le "Je" qu'est le Père. L'objection de Jacob devient donc une confirmation de notre foi.

Et Jacob d'écrire en conclusion de cette objection: " Nach den Kriterien der Thora hat Jesus etwas beansprucht, das ausser Gott niemandem zusteht." (p. 49)

Jacob écrit plus loin, (p. 53) "Ich will niemanden verletzen, aber ich habe Einwände gegen eine Lehre, die nur mich persönlich meint, nicht aber meine Familie und mein Dorf, kurzum das ewige Israel, das wir hier und jetzt verkörpern".

Je trouve que c'est encore une objection d'une très grande profondeur. Oui, Jésus est bien plus qu'un Sauveur personnel de ma petite personne. Dieu veut effectivement sauver des familles comme on le voit avec l'histoire de Noé, de Loth, de Rahaab et du geôlier de Paul (crois (toi) au Seigneur Jésus et tu seras sauvé toi et ta famille (Actes 16:31)). Dieu veut aussi sauver des villes comme le relate l'histoire de Ninive dans le livre de Jonas. Il veut sauver des nations. Nous avons jeté toutes ces dimensions collectives du salut par dessus bord.

Comme j'aime à lire, p. 55, "Wir leben auch in Gemeinschaft mit anderen. Keiner von uns ist ein "Ich" allein, wir alle sind Teil eines "Wir". Und dieses "Wir" besteht aus Heim und Familie, darüber hinaus aus der Gemeinschaft jenseits unserer vier Wände". Et combien est profonde la question en page 101: "Ist meine Liebe zu Gott schon alles ? Gibt es keine Beziehung von uns allen vor Gott ? Ich kann Gott und meinen Nächsten lieben und trotzdem in Sodom leben. Aber Gott hat Sodom zerstört. Gott geht es folglich nicht um die menschen als Einzelwesen, sondern auch um die Menschen ALS GANZE".

Une autre objection de Jacob m'interpelle par rapport à ce que vivent certains missionnaires: "Es beunruhigt mich zutiefst, dass ich, um Jesus zu folgen, Heim und Familie im Stich lassen soll, während mir die Thora beiden - und der Gemeinschaft -gegenüber doch heilige Pflichten auferlegt hat". Je trouve que Paul répond bien à cette objection en 1 Timothée 5:8. Mais tous les chrétiens n'ont pas bien mémorisé ce verset.

Jacob écrit aussi plus loin, p. 63, "Die Thora, wie sie von anderen später ausgedeutet wurde, lehrt Israel, die Liebe zur Thora in Gestalt des Schriftgelehrten über die Liebe zu Vater und Mutter zu stellen." Donc, il répond excellemment lui-même à son objection. Jésus ne nous demande pas de tourner le dos aux nôtres mais de hiérachiser notre amour. Notre amour pour Dieu doit être premier et débordant et, de Lui, nous pouvons aimer en second lieu tous les nôtres et nos prochains. En développant son argumentation, Jacob finit par conclure sur ce point "Damit ist deutlich, um was es wirklich geht: Die Verehrung der Eltern ist die diesseitige Entsprechung der Verehrung Gottes". Que c'est profond.

Et, à ce point du livre, Jacob se pose déjà la question à laquelle tous les chrétiens ont déjà répondu oui: (p. 70) : "Es mündet in die Frage: "Ist dein Meister denn Gott ?" Denn jetzt ist mir klar, dass das, was Jesus von mir fordert , allein Gott von mir verlangen kann."

J'en viens maintenant au chapitre 4 du livre sur le commandement de la sanctification du Shabbat. Il a parlé au plus profond de mon âme depuis longtemps en recherche sur la signification du Shabbat pour le non-Juif que je suis. Jacob écrit, en page 79, "Wenn wir uns nun bewusst sind, dass wir den Sabbat halten sollen, weil Gott am Sabbat geruht hat, dann sehen wir, dass wir dieses Gebot befolgen sollen, damit wir Gott ähnlich werden". Jamais je n'avais lu que l'enjeu du Shabbat était aussi de ressembler davantage à Dieu. Quelle révélation ! Et Jacob le rapproche de Matthieu 11:28 "Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du REPOS". Jacob écrit que, quand il entend ces paroles de Jesus, il pense automatiquement au Shabbat. Il faut bien que ce soit des Juifs qui nous dévoilent de telles choses. Mais bien sûr ! Je n'y aurais jamais pensé !

Jacob écrit un peu plus loin "Beim Sabbat geht es nicht darum, Gutes zu tun oder nicht. Es geht viel mehr um HEILIGKEIT, und heilig sein bedeutet nach der Thora, GOTT ÄHNLICH SEIN." Quand je pense à la morgue de tant de chrétiens pour le prétendu légalisme des Juifs. Quel injuste aveuglement. J'ai encore souligné cette phrase clef, p. 82 "Wenn ihr euch am Sabbat von der Arbeit abkehrt, dann habt ihr Wonne in Gott. So würdigen wir einmal mehr, dass der Sabbat UNSERE, der Juden, ART IST, WONNE IN GOTT zu haben". Quel horizon cette phrase ouvre sur ce qu'est la Shabbat ! Je note encore, p. 85, "Der Sabbat ist die Ankunft von Gottes Reich. Mit Recht verband Jesus die beiden Botschaften: Nehmt mein Joch auf euch, det Menschensohn ist Herr über den Sabbat. Besser hätte er den Punkt nicht treffen können."

Ce qui choque Jacob, aux p. 86 et 87, nous est une évidence: "wenn Jesus uns bedeutet, dass er etwas Grösseres als den Tempel gebe, dann kann er damit nur auf eines hinauswollen: Er und seine Jünger können am Sabbat das tun, was sie tun, weil sie an die Stelle der Priester im Tempel getreten sind: Der heilige Ort hat sich verlagert, er besteht jetzt aus dem Kreis des Meisters und seine Jünger". Il bute alors sur ce dilemme: "Entweder gilt "Gedenke des Sabbats: halte ihn heilig !" oder es gilt "Der Menschensohn ist der Herr über den Sabbat". Aber beides zusammen kann nicht gelten".

Et j'aboutis à ce sommet, page 90, qui produit sur ma foi l'effet d'une bombe: "Mein Joch ist leicht, ich gebe euch Ruhe, der Menschensohn ist wahrhaftig Herr über den Sabbat, denn der Menschensohn ist jetzt der Sabbat Israels ..." Jésus est le Shabbat !!! Son fardeau est léger, Il nous donne du repos, le Fils de l'homme est le maître du Shabbat parce qu'Il est le Shabbat. Honorer le Shabbat, c'est honorer la Parole, c'est honorer le Verbe, c'est honorer jusqu'au Verbe fait chair. Je manque d'adjectifs !

C'est pour moi l'himalaya du livre mais il y a encore beaucoup de hauts sommets. Jacob relève
que Jésus répond à la question qui lui est posée en Matthieu 19:16 "que dois-je faire pour obtenir la vie éternelle ?" par "observe les commandements." C,a par exemple ! Jésus fait un lien entre le salut et l'obéissance à la Loi ! Comme nous glissons sur ce "détail" ! Et Jacob fait ensuite une remarquable exégèse du texte où il distingue entre le salut et la perfection. L'objet de la discussion entre cet homme et Jésus est en effet au-delà de la seule vie éternelle. Il vise quelque chose de plus haut encore, la perfection. Et Jacob écrit justement à cet égard, p. 95, "Angesichts der menschlichen Schwäche kann niemand Vollkommenheit als Preis für das ewige Leben verlangen." Jacob développe "Wie ich dich nun verstehe, genügen die Zehn Gebote nicht, und auch dass Grosse Gebot, die Goldene Regel (= l'amour), nicht. Vollkommenheit besteht in Armut und im Gehorsam gegenüber Christus"..."Jesus will, dass ich ihm nachfolge und bin wie er. Habe ich ein solches Gebot in der Thora vernommen ? Natürlich: "Seid heilig, denn ich der Herr, euer Gott, bin heilig". Die Thora fordert mich auf, ich solle danach streben, zu sein wie Gott: heilig".

Le livre de Jacob est une merveille. Le chrétien comme le juif en ressortent grandis dans leur foi respective. Je termine sur cette phrase émouvante: "Ja, wenn wir auch diskutieren und streiten, so beten wir doch zum selben Gott. Und deshalb werden wir immer streiten und diskutieren, aber stets demselben Gott dienen, indem wir einander lieben, wie Gott uns liebt".

Thank you, Jacob. You have strengthened my faith.

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