Il y a quelques années, la communauté juive de Luxembourg avait
aimablement ouvert un dimanche la synagogue de la capitale et en avait
organisé la visite. Lorsque nous fûmes dans la grande salle où se réunit
l'assemblée, notre guide ouvrit une sorte de grand placard à l'endroit
où, dans les églises catholiques, les prêtres ont l'habitude de
conserver des hosties dans un calice. Mais ce que je vis me stupéfia et
arracha un voile de mes yeux. Il y avait là une collection de rouleaux
de livres de la Bible, notamment des livres de Moïse, la Thora. Ces
rouleaux étaient habillés de manteaux de velours, certains bleus,
d'autres blancs, d'autres émeraude. Le Luxembourg est un des pays les
plus aliénés au démon souvent appelé "reine du ciel". On en trouve des
statues non seulement dans toutes les églises catholiques du Grand-duché
(mais aussi dans celles des régions frontalières qui ont été
luxembourgeoises dans le passé). Très souvent, ces idoles sont vêtues de
manteaux de velours dont la couleur change au gré des temps liturgiques
de l'église romaine.
"Le Verbe s'est fait chair". En
voyant les rouleaux de la Thora vêtus de leurs manteaux de velours,
quelque chose a crié en moi "mais bien sûr !" Jésus, c'est la Thora qui a
pris chair d'homme. C'est dans la synagogue que Son essence est honorée
sans être connue alors que, dans les églises romaines, Sa place est
usurpée par des substituts abominables.
Tout mes
contacts avec le judaïsme ont grandi ma foi. Ce que les Juifs ont rec,u
est fascinant. Je me demande s'ils en ont la mesure.
Cet
été, je suis retourné à Vienne, en Autriche, et j'y ai visité plusieurs
lieux du judaïsme, notamment un musée. Dans une vitrine, il y avait
plusieurs couronnes dont les Juifs coiffent les rouleaux. Là encore,
cela m'a profondément parlé. Le Verbe fait chair est le Roi des Juifs
... et les Juifs mettent une couronne sur la Thora ! C'est vertigineux.
J'ai
aussi acheté à Vienne un livre écrit par un Juif, Jacob Neusner, qui y
explique pourquoi, en tant que Juif, il ne peut pas partager la foi des
chrétiens. "Ein Rabbi spricht mit Jesus" est pour moi un texte
fantastique car, toutes les raisons qu'invoque l'auteur pour refuser de
reconnaître en Jésus le Messie sont autant d'arguments qui me sont
donnés pour voir encore plus profondément combien Il l'est.
Dans
plusieurs passages de son livre, Jacob Neusner se projette 20 siècles
plus tôt et imagine qu'il va rencontrer Jésus pour lui poser des
questions.
"Meister, wie kannst du für dich selbst
sprechen und dich nicht auf der Lehre der Thora berufen, die uns Gott am
Sinai gegeben hat ? Es hat den Anschein, als betrachtetest du dich
selbst als Mose, oder als über Mose stehend. Die Thora des Mose erwähnt
aber nicht, dass ausser Mose und den anderen Propheten noch ein witerer
uns Unterweisung - Thora - bringen oder dass es eine weitere Thora geben
soll. So weiss ich nun wirklich nicht, was ich von deinem Anspruch
halten soll. Du sprichst als "Ich", aber die Thora wendet sich nur an
ein "Wir", das sind "wir" vom Volke Israel, zu dem auch du gehörst".
Evidemment, nous autres Européens non-juifs imprégnés d'une conception
individualistissime du salut, au point que certains chrétiens parlent de
Jésus comme de leur Sauveur "personnel", passons à côté de ce dont
parle ici Jacob. Mais, pour qui a rec,u la révélation de Jésus comme
Messie, la réponse est claire. Jésus peut parler depuis le "Je" qu'est
le Père. L'objection de Jacob devient donc une confirmation de notre
foi.
Et Jacob d'écrire en conclusion de cette objection: " Nach den Kriterien der Thora hat Jesus etwas beansprucht, das ausser Gott niemandem zusteht." (p. 49)
Jacob écrit plus loin, (p. 53) "Ich
will niemanden verletzen, aber ich habe Einwände gegen eine Lehre, die
nur mich persönlich meint, nicht aber meine Familie und mein Dorf,
kurzum das ewige Israel, das wir hier und jetzt verkörpern".
Je
trouve que c'est encore une objection d'une très grande profondeur.
Oui, Jésus est bien plus qu'un Sauveur personnel de ma petite personne.
Dieu veut effectivement sauver des familles comme on le voit avec
l'histoire de Noé, de Loth, de Rahaab et du geôlier de Paul (crois (toi)
au Seigneur Jésus et tu seras sauvé toi et ta famille (Actes 16:31)).
Dieu veut aussi sauver des villes comme le relate l'histoire de Ninive
dans le livre de Jonas. Il veut sauver des nations. Nous avons jeté
toutes ces dimensions collectives du salut par dessus bord.
Comme j'aime à lire, p. 55, "Wir
leben auch in Gemeinschaft mit anderen. Keiner von uns ist ein "Ich"
allein, wir alle sind Teil eines "Wir". Und dieses "Wir" besteht aus
Heim und Familie, darüber hinaus aus der Gemeinschaft jenseits unserer
vier Wände". Et combien est profonde la question en page 101: "Ist
meine Liebe zu Gott schon alles ? Gibt es keine Beziehung von uns allen
vor Gott ? Ich kann Gott und meinen Nächsten lieben und trotzdem in
Sodom leben. Aber Gott hat Sodom zerstört. Gott geht es folglich nicht
um die menschen als Einzelwesen, sondern auch um die Menschen ALS GANZE".
Une autre objection de Jacob m'interpelle par rapport à ce que vivent certains missionnaires: "Es
beunruhigt mich zutiefst, dass ich, um Jesus zu folgen, Heim und
Familie im Stich lassen soll, während mir die Thora beiden - und der
Gemeinschaft -gegenüber doch heilige Pflichten auferlegt hat". Je
trouve que Paul répond bien à cette objection en 1 Timothée 5:8. Mais
tous les chrétiens n'ont pas bien mémorisé ce verset.
Jacob écrit aussi plus loin, p. 63, "Die
Thora, wie sie von anderen später ausgedeutet wurde, lehrt Israel, die
Liebe zur Thora in Gestalt des Schriftgelehrten über die Liebe zu Vater
und Mutter zu stellen." Donc, il répond excellemment lui-même à son
objection. Jésus ne nous demande pas de tourner le dos aux nôtres mais
de hiérachiser notre amour. Notre amour pour Dieu doit être premier et
débordant et, de Lui, nous pouvons aimer en second lieu tous les nôtres
et nos prochains. En développant son argumentation, Jacob finit par
conclure sur ce point "Damit ist deutlich, um was es wirklich geht: Die Verehrung der Eltern ist die diesseitige Entsprechung der Verehrung Gottes". Que c'est profond.
Et, à ce point du livre, Jacob se pose déjà la question à laquelle tous les chrétiens ont déjà répondu oui: (p. 70) : "Es
mündet in die Frage: "Ist dein Meister denn Gott ?" Denn jetzt ist mir
klar, dass das, was Jesus von mir fordert , allein Gott von mir
verlangen kann."
J'en viens maintenant au chapitre 4
du livre sur le commandement de la sanctification du Shabbat. Il a
parlé au plus profond de mon âme depuis longtemps en recherche sur la
signification du Shabbat pour le non-Juif que je suis. Jacob écrit, en
page 79, "Wenn wir uns nun bewusst sind, dass wir den Sabbat halten
sollen, weil Gott am Sabbat geruht hat, dann sehen wir, dass wir dieses
Gebot befolgen sollen, damit wir Gott ähnlich werden". Jamais je
n'avais lu que l'enjeu du Shabbat était aussi de ressembler davantage à
Dieu. Quelle révélation ! Et Jacob le rapproche de Matthieu 11:28 "Venez
à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du
REPOS". Jacob écrit que, quand il entend ces paroles de Jesus, il pense
automatiquement au Shabbat. Il faut bien que ce soit des Juifs qui nous
dévoilent de telles choses. Mais bien sûr ! Je n'y aurais jamais pensé !
Jacob écrit un peu plus loin "Beim
Sabbat geht es nicht darum, Gutes zu tun oder nicht. Es geht viel mehr
um HEILIGKEIT, und heilig sein bedeutet nach der Thora, GOTT ÄHNLICH
SEIN." Quand je pense à la morgue de tant de chrétiens pour le
prétendu légalisme des Juifs. Quel injuste aveuglement. J'ai encore
souligné cette phrase clef, p. 82 "Wenn ihr euch am Sabbat von der
Arbeit abkehrt, dann habt ihr Wonne in Gott. So würdigen wir einmal
mehr, dass der Sabbat UNSERE, der Juden, ART IST, WONNE IN GOTT zu haben". Quel horizon cette phrase ouvre sur ce qu'est la Shabbat ! Je note encore, p. 85, "Der
Sabbat ist die Ankunft von Gottes Reich. Mit Recht verband Jesus die
beiden Botschaften: Nehmt mein Joch auf euch, det Menschensohn ist Herr
über den Sabbat. Besser hätte er den Punkt nicht treffen können."
Ce qui choque Jacob, aux p. 86 et 87, nous est une évidence: "wenn
Jesus uns bedeutet, dass er etwas Grösseres als den Tempel gebe, dann
kann er damit nur auf eines hinauswollen: Er und seine Jünger können am
Sabbat das tun, was sie tun, weil sie an die Stelle der Priester im
Tempel getreten sind: Der heilige Ort hat sich verlagert, er besteht
jetzt aus dem Kreis des Meisters und seine Jünger". Il bute alors sur ce dilemme: "Entweder
gilt "Gedenke des Sabbats: halte ihn heilig !" oder es gilt "Der
Menschensohn ist der Herr über den Sabbat". Aber beides zusammen kann
nicht gelten".
Et j'aboutis à ce sommet, page 90, qui produit sur ma foi l'effet d'une bombe: "Mein
Joch ist leicht, ich gebe euch Ruhe, der Menschensohn ist wahrhaftig
Herr über den Sabbat, denn der Menschensohn ist jetzt der Sabbat Israels
..." Jésus est le Shabbat !!! Son fardeau est léger, Il nous donne
du repos, le Fils de l'homme est le maître du Shabbat parce qu'Il est le
Shabbat. Honorer le Shabbat, c'est honorer la Parole, c'est honorer le
Verbe, c'est honorer jusqu'au Verbe fait chair. Je manque d'adjectifs !
C'est pour moi l'himalaya du livre mais il y a encore beaucoup de hauts sommets. Jacob relève
que
Jésus répond à la question qui lui est posée en Matthieu 19:16 "que
dois-je faire pour obtenir la vie éternelle ?" par "observe les
commandements." C,a par exemple ! Jésus fait un lien entre le salut et
l'obéissance à la Loi ! Comme nous glissons sur ce "détail" ! Et Jacob
fait ensuite une remarquable exégèse du texte où il distingue entre le
salut et la perfection. L'objet de la discussion entre cet homme et
Jésus est en effet au-delà de la seule vie éternelle. Il vise quelque
chose de plus haut encore, la perfection. Et Jacob écrit justement à cet
égard, p. 95, "Angesichts der menschlichen Schwäche kann niemand Vollkommenheit als Preis für das ewige Leben verlangen." Jacob développe "Wie ich dich nun verstehe, genügen die Zehn Gebote nicht, und auch dass Grosse Gebot, die Goldene Regel (= l'amour), nicht.
Vollkommenheit besteht in Armut und im Gehorsam gegenüber
Christus"..."Jesus will, dass ich ihm nachfolge und bin wie er. Habe ich
ein solches Gebot in der Thora vernommen ? Natürlich: "Seid heilig,
denn ich der Herr, euer Gott, bin heilig". Die Thora fordert mich auf,
ich solle danach streben, zu sein wie Gott: heilig".
Le
livre de Jacob est une merveille. Le chrétien comme le juif en
ressortent grandis dans leur foi respective. Je termine sur cette phrase
émouvante: "Ja, wenn wir auch diskutieren und streiten, so beten wir
doch zum selben Gott. Und deshalb werden wir immer streiten und
diskutieren, aber stets demselben Gott dienen, indem wir einander
lieben, wie Gott uns liebt".
Thank you, Jacob. You have strengthened my faith.
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