Evidemment, au propre, il y a bien plus de deux hommes dans la Bible.
Mais je veux dire que la Bible nous montre qu'il y a deux types
d'hommes (je veux dire viri et pas homines). On le voit d'abord avec
Caïn et Abel. On le voit aussi avec Ismaël et Isaac. Mais c'est dans les
figures d'Esaü et de Jacob que le contraste est le plus parlant parce
qu'il s'agit de jumeaux.
Esaü nous est présenté presque
comme une caricature du mâle. Au verset 25 du chapitre 25 de la Genèse,
Esaü, bébé, est décrit déjà comme un manteau de poil ! Son nom voudrait
d'ailleurs dire "velu". Au verset 27, on voit se préciser les traits.
Esaü bat la campagne. C'est un chasseur. Il se dépense tant physiquement
que, un jour, il abandonne son droit d'ainesse à Jacob en échange d'une
soupe de lentilles que son frère était en train de préparer (versets 29
à 33).
A la fin du chapitre 26, au verset 24, on voit
qu'Esaü se marie avec des Cananéennes, des femmes qui appartiennent à
des peuples que, plus tard, l'Eternel vouera à l'interdit. Il y a,
aussi, en filigrane, la prostitution spirituelle d'Esaü qui ne sera
jamais durablement, et de tout son coeur, fidèle à l'Eternel. Quelques
pages plus loin, on voit que Esaü se rend compte que ses parents
désapprouvent ses mariages. Au verset 9 du chapitre 28, on le voit donc
prendre pour autres femmes deux de ses cousines, des filles de son oncle
Ismaël. C'est aussi un autre trait révélateur d'Esaü. Il comprend
confusément qu'il n'est pas dans la volonté de ses parents, et cela
implique qu'il n'est pas non plus dans la volonté de l'Eternel, mais il
prend des initiatives charnelles qu'il croit être de bonnes solutions
... au lieu de demander ce qu'il devrait faire !!!
Jacob,
au contraire, ferait presque figure de "femmelette": "Voici, Esaü, mon
frère est velu. et je n'ai point de poil" (27:11). Pendant qu'Esaü tue
du gibier à tour de bras, Jacob reste tranquillement dans sa tente
(25:27).
Isaac, qui lui-même, a dans la Bible une
image moins "virile" que Ismaël, préfère Esaü tandis que Jacob est le
préféré de sa mère. Un autre trait frappant de Jacob, c'est combien il
est peu dominateur vis-à-vis de ses épouses. Il est stupéfiant de voir
qu'elles peuvent décider avec qui il doit coucher et qu'il s'exécute
sans discuter les ordres (30:3, 30:9, 31:16) !!! Et, au verset 38 du
chapitre 42, l'attachement de Jacob à Benjamin paraît exagérément
maternel. Jacob s'exprime comme une mère-poule chaque fois qu'il est
question du petit dernier.
Mais où est-ce que tout ce récit veut en venir ?
Jacob,
c'est Israël ! C'est le père des 12 patriarches qui fondent les 12
tribus d'Israël (Joseph étant par la suite représenté par 2 tribus
issues de ses deux ainés).
Mais Esaü, qui
représente-t-il ? Historiquement, on voit sa progéniture constituer sur
la montagne de Seïr un petit peuple souvent en guerre avec Israël,
faisant cause commune avec ses ennemis: Edom. Jusque sous l'Empire
romain, cette petite nation subsistera dans la province d'Idumée puis,
comme Moab et Ammon, disparaîtra dans les brumes de l'histoire.
Cependant,
Esaü a aussi une signification spirituelle dans le Judaïsme. Peu de
Chrétiens le savent mais, pour la tradition rabbinique, le frère charnel
d'Israël est l'ancêtre spirituel des Chrétiens comme, Ismaël, mais cela
les Chrétiens le savent, est celui des Musulmans.
Si
l'on se donne la peine d'y réfléchir, pendant des siècles, la fine fleur
des hommes d'Europe, la noblesse, a exalté la chasse et la guerre.
D'ailleurs, la chasse est restée emblématique de la noblesse et de la
haute-bourgeoisie européenne jusqu'aujourd'hui. En cela, elle incarne un
modèle de "virilité" qui, malheureusement, est effectivement celle
d'Esaü.
Mais, une autre émanation de l'Europe, un pays
trop récent pour que la noblesse, déjà entrée en décadence lors de la
proclamation de son indépendance, ait pu y jouer un rôle politique, un
pays qui domine aujourd'hui le monde de sa puissance, les Etats-Unis,
projette également sur la planète une image de virilité tout en muscles,
celle de superman, des g.i, des Californiens adeptes du body building.
Encore et toujours la virilité d'Esaü !
Or, l'Eternel a
haï Esaü et a aimé Jacob. Aussi, comme Caïn a été consumé du désir de
tuer son frère Abel, Esaü a voulu tuer Jacob (Genèse 27:41).
C'est
ici que l'identification que font les rabbins des Chrétiens avec Esaü
devient troublante car, effectivement, au cours de l'histoire, l'Europe
chrétienne a régulièrement spolié et massacré les descendants de Jacob.
Or,
la Bible contient plusieurs textes qui se réfèrent à Edom (Jérémie 49:
7-27, Esaïe 34) et certains pourraient tout aussi bien être transposés à
l'attitude des Chrétiens envers Israël.
Il y a
notamment la chapitre 35 d'Ezechiel. Le verset 6 interpelle. Les
Chrétiens, à la différence des Juifs et des Musulmans, ne se sentent pas
liés par le commandement donné par l'Eternel à Noé (Genèse 9:4) et
pourtant confirmé en Actes 15:20. Le verset 10 fait aussi penser à la
prétention de moult Chrétiens d'être un nouvel Israël, comme si
l'Eternel avait dépossédé Jacob de son héritage. Il y a aussi le psaume
137 et ses versets 7 à 9. Pendant la seconde guerre mondiale, qui fut
comme une récapitulation de la déportation à Babylone, il n'y a pas eu
que des "justes" parmi les Chrétiens et il s'en est trouvé de presque
toutes les dénominations pour prêter main forte aux nazis.
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